Portrait de Juliette Dodu

1911.19.02

Ancien numéro : 12.02.57

; Ancien numéro : 323

Portrait de Juliette Dodu

titre factice

Création

; Dessinateur

REDON Odilon Read more

• Date de naissance22 avril 1840
• Lieu de naissanceBordeaux
• Date de décès6 juillet 1916
• Lieu de décèsParis
• Né dans une famille aisée, de santé fragile, Odilon Redon se marginalise dès l’enfance en ne fréquentant pas l’école et en n’exerçant aucune activité ludique ou sportive. Tenu à l’écart du reste de la famille, il passe ses journées à flâner et à contempler la nature dans la plus grande solitude. À l’adolescence, son talent pour le dessin se révèle : influencé par son père et suivant l’exemple de son frère cadet, il tente des études d'architecture mais échoue à l'examen. Peu convaincu par cette discipline, il ne réitère pas l’expérience et décide de se consacrer à la peinture. Il rencontre alors le botaniste Armand Clavaud dont l’influence sur l’art de Redon est considérable. Ce dernier l’initie aux sciences et à la littérature, l’intéresse au milieu animal et végétal vu à travers un microscope. Parallèlement, il apprend l’art de la gravure et de la lithographie auprès de Rodolphe Bresdin, dont la production artistique gravée est libre de tout formalisme. Sous sa direction, Redon réalise ses premières onze eaux-fortes en 1866. Redon fait ainsi les deux rencontres qui vont définitivement orienter son art. Sa carrière est solitaire et indépendante du parcours académique officiel. Son œuvre se divise en deux grandes périodes. Avant 1880, Redon est fasciné par le noir, cette teinte prédominante dans tous ses dessins et estampes. Puis, en 1880, son mariage ouvre un nouveau volet dans sa carrière. Il s’extériorise peu à peu et assiste par conséquent à la reconnaissance progressive de son art. À quarante ans, la couleur, dont il fait un usage d’une grande complexité, apparaît dans son œuvre graphique jusqu’à se substituer entièrement aux “Noirs” à partir de 1900. Ses pastels comptent d’ailleurs parmi les pages colorées les plus intenses du début du siècle. Les dernières années de sa vie sont consacrées à des décorations intérieures et à d’innombrables déclinaisons colorées sur le thème floral.

1904

Née le 15 juin 1848 à Saint-Denis de La Réunion, Juliette Dodu est la belle-sœur d’Odilon Redon qui a épousé, le 1er mai 1880, Camille Antoinette Falte, demi-sœur de Juliette Dodu. Rentrée définitivement en métropole en 1869, Juliette Dodu obtient l’examen d’entrée dans l’administration « des lignes télégraphiques » et obtient un poste à Sospel dans les Alpes-Maritimes avant de s’installer à Pithiviers (Loiret) en 1870. Lors de la prise de la ville par les troupes allemandes, elle se distingue en interceptant les télégraphes de l’ennemi pour les transmettre aux autorités françaises, contribuant à sauver des soldats français. Capturée, elle frôle la mort et est graciée à la fin du conflit. Elle poursuit une carrière dans les télégraphes jusqu’en 1879, puis devient inspectrice des salles d’asiles de 1880 à 1885, année de la suppression de son poste. Elle prend alors en charge la gestion d’un débit de tabac durant une dizaine d’années avant d’hériter de la fortune de son ami Hippolyte Larrey, médecin militaire, mort en 1895. À partir de cette date, elle vit confortablement de ses rentes, installée à Bièvres, non loin de Paris, où elle se fait construire un pavillon. Elle meurt en Suisse le 24 octobre1909 et est enterrée dans le cimetière du Père-Lachaise. L’épisode de la guerre franco-prussienne lui vaut la médaille militaire en 1877 et la Légion d’honneur en 1878. Mais il s’avère aujourd’hui qu’il s’agit probablement d’une légende inventée par Juliette Dodu elle-même avec la complicité d’un journaliste du Figaro. Camille Redon hérite des biens de sa demi-sœur. C’est elle qui fait don de son portrait lithographié par son mari à Marius et Ary Leblond en 1911 pour constituer les collections du futur musée Léon Dierx, disant à propos de ce projet : « je vous avoue que l’idée d’un musée à La Réunion me laisse baba. Comment voulez-vous que nos créoles comprennent l’art sans jamais y avoir été préparés. » Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, Juliette Dodu est une personnalité connue en France, objet de nombreux portraits, dont un dessin d’Édouard Manet (coll. privée). Représentée de profil par Odilon Redon, son visage au regard fier, un peu perdu dans le vague, est comme un masque. L’artiste a peut-être saisi, sans le vouloir, l’ambiguïté du personnage. Le choix d’un portrait évoquant un masque relie cette lithographie au succès considérable de ce type de représentations dans les arts visuels en Europe à la fin du XIXe siècle.

Lithographie à la sanguine sur papier.

Hauteur en cm : 21

; Largeur en cm : 17,5

Portrait

; Femme

Dodu, Juliette (1848-1909)

estampe

Département de la Réunion

Musée Léon Dierx

Don Odilon Redon, 1911.