Femme au hennin
Numéro d'inventaire
1986.01.03
Autre numéro
Ancien numéro : 86.04.03
Titre
Femme au hennin
titre factice
Rôle de l'auteur
Création
; Lithographe
Auteur
REDON Odilon
- Date de naissance22 avril 1840
- Lieu de naissanceBordeaux
- Date de décès6 juillet 1916
- Lieu de décèsParis
- Né dans une famille aisée, de santé fragile, Odilon Redon se marginalise dès l’enfance en ne fréquentant pas l’école et en n’exerçant aucune activité ludique ou sportive. Tenu à l’écart du reste de la famille, il passe ses journées à flâner et à contempler la nature dans la plus grande solitude. À l’adolescence, son talent pour le dessin se révèle : influencé par son père et suivant l’exemple de son frère cadet, il tente des études d'architecture mais échoue à l'examen. Peu convaincu par cette discipline, il ne réitère pas l’expérience et décide de se consacrer à la peinture. Il rencontre alors le botaniste Armand Clavaud dont l’influence sur l’art de Redon est considérable. Ce dernier l’initie aux sciences et à la littérature, l’intéresse au milieu animal et végétal vu à travers un microscope. Parallèlement, il apprend l’art de la gravure et de la lithographie auprès de Rodolphe Bresdin, dont la production artistique gravée est libre de tout formalisme. Sous sa direction, Redon réalise ses premières onze eaux-fortes en 1866. Redon fait ainsi les deux rencontres qui vont définitivement orienter son art. Sa carrière est solitaire et indépendante du parcours académique officiel. Son œuvre se divise en deux grandes périodes. Avant 1880, Redon est fasciné par le noir, cette teinte prédominante dans tous ses dessins et estampes. Puis, en 1880, son mariage ouvre un nouveau volet dans sa carrière. Il s’extériorise peu à peu et assiste par conséquent à la reconnaissance progressive de son art. À quarante ans, la couleur, dont il fait un usage d’une grande complexité, apparaît dans son œuvre graphique jusqu’à se substituer entièrement aux “Noirs” à partir de 1900. Ses pastels comptent d’ailleurs parmi les pages colorées les plus intenses du début du siècle. Les dernières années de sa vie sont consacrées à des décorations intérieures et à d’innombrables déclinaisons colorées sur le thème floral.
Date de création
1897
Description
« Un coup de dés jamais n'abolira le hasard » est l’un des derniers poèmes écrits par Stéphane Mallarmé. Il parait le 1er mai 1897 dans le numéro 17 de « Cosmopolis », revue multilingue et internationale fondée par Fernand Ortmans et éditée dans sa version française par Armand Colin. Le texte parle d’un Maître sur un navire faisant naufrage, lançant des dés, ultime défi qu’il lance au ciel. La composition typographique éclatée de ce poème en vers libres sur les pages de la revue est totalement nouvelle. Mallarmé souhaite créer de la musique avec les mots, comparant son poème à une symphonie. Sur des doubles pages, il mélange minuscules et majuscules, utilise des polices différentes, laisse des blancs, varie la taille des caractères et l’épaisseur du trait, le tout suppléant « aux notes et aux intervalles musicaux » (Note de la rédaction de « Cosmopolis » dans le numéro de 1897). C'est l'un des premiers poèmes typographiques de la littérature française. Paul Valéry, ami de Mallarmé, écrit à propos de ce poème qu’il « a essayé, (…) d’élever enfin une page à la puissance du ciel étoilé. » Dès les mois de juin-juillet 1897, Ambroise Vollard souhaite en faire une édition luxueuse illustrée de lithographies d’Odilon Redon, ami de Mallarmé. Il envisage un tirage à deux cents exemplaires, illustré de quatre planches. Contacté, l’imprimerie Didot, refuse le projet déclarant « c’est un fou qui a écrit ça ». En 1898, la mort de Mallarmé interrompt le projet d’édition : Vollard conserve les treize jeux d’épreuves des textes et les lithographies réalisées par Redon, mais le livre ne se fait pas. L’une des pierres lithographiées de Redon s’étant égarée lors de son transfert à l’imprimeur, il ne subsiste aujourd’hui que les tirages de trois lithographies. « La Femme au hennin », sorte de bonnet pointu, est la première planche de cette suite. L’illustration ne se réfère pas au texte. Cette femme de profil est entourée de formes énigmatiques difficilement identifiables, à l’exception des dés, l’un petit au premier plan, l’autre flottant devant le personnage. Devant la femme, le profil étrange d’un jeune garçon évoque peut-être le fils décédé de Mallarmé ou celui de Redon, tous deux partageant la douleur de la perte d’un enfant. Sur le bonnet qui fait également penser à un bonnet phrygien, une créature composite recouvre le sommet du crâne, mi-poisson, mi-homme : la queue d’un hippocampe sur la nuque se prolonge par une coquille d’où sort la tête d’un homme. Cet être hybride évoque Oannès, dessiné par Redon dans sa suite de 1888 pour « La Tentation de Saint-Antoine » (inv. 2007.02.01.06). Le dieu se repose sur la tête de la femme, sereine incarnation de la pensée de Mallarmé.
Matière et technique
Lithographie en noir sur papier.
Mesures
Hauteur en cm : 32,8
Largeur en cm : 24,9
Sujet / thème
Portrait
Domaine
estampe
Propriétaire
Département de la Réunion
Gestionnaire
Musée Léon Dierx
Bibliographie
De Manet à Picasso : trésors de la Johannesburg art gallery et du Musée Léon Dierx
pp. 109 et 119
Statut administratif
Achat, 1986.
Exposition
Launceston, 12 mars-12 juin 2005, Queen Victoria
Exposition "French masters from the musée Léon Dierx", Queen Victoria museum, Launceston (Tasmanie).
Saint-Denis, 25 novembre 2016 - 4 juin 2017, MLD
Exposition "De Manet à Picasso : trésors de la Johannesburg Art Gallery et du Musée Léon Dierx"
Facettes
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